lundi 21 septembre 2015

Forum des journées electro-mobilité de Tarbes (18 septembre 2015)

Le Syndicat Départemental de l'Energie des Hautes Pyrénées organisait vendredi 18 septembre un forum à destination des élus, techniciens et partenaires du SDE 65, animé par Valérie Médaille
Dans le cadre de la halle Mercadieu une éclectique exposition offrait aux invités et au public une large palette des développements de la mobilité électrique:
Véhicules spéciaux : Mobile Dream pour personnes handicapées ou à mobilité réduite, véhicules gyroscopiques: gyropodes monoroue, Segway .

Invité à ce forum pour apporter mon témoignage d'utilisateur de VE je commenterais ici quelques réflexions suggérées par les propos des différents intervenants.


Le président François Fortassin au terme des propos d'accueil des participants introduisait les interventions en soulignant les importants engagements du SDE 65 au service des communes  pour accompagner le développement de l'électromobilité et l'essor de la voiture électrique "comme deuxième voiture". 

Comme j'ai eu l'occasion de l'écrire ici, une fois acquise, la voiture électrique devient rapidement la première voiture car l'on découvre concrètement qu'elle répond parfaitement aux multiples déplacements quotidiens : trajet-travail, courses, transport des enfants vers leurs activités.

Mme Véronique Tatry , présentant le rôle de l'ADEME et les missions qui lui sont déléguées par l'Etat,  mettait en exergue les apports de la mobilité électrique à l'économie de partage et les changements de façon de faire que l'on peut en attendre dans un futur proche.

Mme Juliette Antoine-Simon , SODETREL, développait les enjeux du plan de déploiement de 200 bornes de recharge rapide CORRI-DOOR * sur les autoroutes reliant les grands centres urbains. 
* Les résultats de cette action financée à 50 % par l'UE devraient fournir une feuille de route pour la France, et éventuellement d'autres États membres, pour la prise de décisions à l'échelle nationale sur leurs déploiements futurs d' infrastructure pour les VE. 

Je fais observer que l'implantation de bornes telle que prévue par la carte présentée exclut toute la zone comprise entre la Garonne et les Pyrénées et que dans l'intérêt de la mobilité électrique en milieu rural il serait utile de prévoir une implantation de 5 de ces 200 bornes le long de la RN 21 favorisant une mobilité "ZEN" et permettre aussi aux ruraux d'accéder au réseau autoroutier et aux touristes d'atteindre les Pyrénées . 
Voir également l'article "S'il vous plait ! T'as 10 bornes ? "

M. Thierry Meunier, EDF, constate que la facilité de prise en main devrait conduire à une part croissante du VE dans l'autopartage comme à Nice par exemple. Les coûts d'exploitation -de l'ordre de 0.25 €/km- limitent ces pratiques aux zones fortement urbanisées. Qu'il soit privé, public ou sous forme coopérative il se pratique suivant les modes en boucle ( retour au point de départ ) en trace directe ou en mixant les deux. Une incitation à l'autopartage pourrait passer par la hausse des tarifs de stationnement.

M. Rouch, directeur du SDE 65, se félicite du partenariat avec les SDE des départements du Gard de l'Ariège et des Pyrénées Atlantiques et présente le plan de déploiement des bornes dans les Hautes - Pyrénées. conçu autour du concept de "stationnement électrique".

M Pedeboy , Grand Tarbes, présente le très positif bilan de l'utilisation des navettes électriques sur le Grand Tarbes; Mme Myriam Mendès souligne l'avance prise par la ville de Tarbes dans l'implantation de stationnements gratuits équipés de bornes de rechargement. Certains utilisateurs de la recharge en ayant profité pour stationner abusivement, la ville a été conduite à rendre le rendre à nouveau payant. 

M Pascal Parache, La Poste, région sud-ouest, présente l'engagement pionnier de l'établissement dans le recours au VE. S’inscrivant dans la politique « environnement » du groupe, les VE (1ère flotte mondiale d’entreprise) permettent de réduire fortement les émissions de CO2 et  de répondre au souci de sécurité du personnel en remplaçant progressivement les 2 roues très accidentogènes par des vélos à assistance électrique et des 3 roues électriques.
C'est également l'occasion d'évoquer les deux filiales du groupe impliquées dans la mobilité électrique : Mobigreen (formation à l’éco conduite) et Greenovia (accompagnement à la mobilité) et les expérimentations en cours de VE avec prolongateur d'autonomie à hydrogène


M. Michel Pélieu, président du Conseil Départemental, félicitait les organisateurs de la réussite de cet évènement et confirmait la volonté du département d'accompagner le développement de la mobilité électrique tant pour l'usage local que celui du tourisme compte tenu du potentiel d'énergie notamment hydraulique de ce territoire à énergie positive. 

M. Christophe Fabre, représentant les stations de Hautacam et Gavarnie Gèdre, évoquait les premières initiatives d'utilisation de véhicules ( vélos et voitures ) électriques dans les stations de montagne. 

M Benoit Thieullent, Europcar, rappelait que les loueurs de voiture, "historiquement" les premiers fournisseurs d'autopartage, répondent à la demande de clients qui pour l'instant ne demandent pas de VE sans doute pour l'insuffisance de leur autonomie. 


Puis ce fut mon tour de témoigner de mon vécu d'électromobiliste :

Valérie Médaille : Jean-Claude Le Maire, bonjour. Vous présidez ''Le VE je le veux'' dont la vocation est de promouvoir l'usage du véhicule électrique. Pouvez-vous nous présenter cette association en quelques mots ?

Le VE je le veux c’est un collectif d’utilisateurs de véhicules électriques qui depuis 2013, sur le blog Le VE je le veux mais aussi sur les réseaux sociaux comme Facebook,
·        mutualisent leurs expériences de conduite,
·        échangent des conseils sur les différents modèles de véhicules,
·   partagent des infos sur les itinéraires, les bornes de recharge, les sources d’énergie, les évolutions technologiques, mais aussi les dispositions législatives et règlementaires …etc.
 Par cette démarche il s’agit de faire la promotion du véhicule électrique et … de la mobilité électrique en MILIEU RURAL.
Car il y a 3 ans lorsque j’ai acheté ma 1ère Nissan Leaf,  le VE était encore présenté comme un véhicule exclusivement urbain au regard de sa « soi-disant » faible autonomie.
 Or mes premiers 1000 km à travers la campagne gersoise m’ont convaincu que le VE pouvait être une solution économique à la mobilité en milieu rural, peu équipé en transports collectifs.
 Mon premier modèle de Leaf avec ses 120 km d’autonomie satisfaisait l’essentiel de mes déplacements ordinaires puisqu’en la branchant sur une simple prise de 220 v je rechargeais ma batterie pour la modique somme de 2 € en moyenne. 
Ma nouvelle Leaf, achetée en 2014, a une autonomie de 150 km,
(le modèle 2016 présenté hier à Frankfort en aura 175 km et Renault et Nissan annoncent 300 km d’autonomie en 2017 pour la Zoé et la Leaf)
Mes 150 km d’autonomie m’ont permis d’élargir mon rayon d’action d’autant plus que des bornes de recharge ont commencé à apparaître dans la région.

V.M. : Lorsque nous avons préparé ensemble votre intervention, vous avez évoqué une ''balade à Cauterets'', que vous présentez sur votre blog. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En effet, mais j’avais déjà en octobre 2013 testé les limites de ma 1ère Leaf, avec l’ascension du Tourmalet.
Après une recharge chez Nissan à Tarbes (à l’époque, j’avais récupéré 50 % de la batterie en 2h de recharge accélérée) puis  embarqué un copain tarbais.
Nous sommes arrivés en haut du Tourmalet avec seulement 3 km d’autonomie restante dans la batterie.
A la descente, le frein moteur étant en fait une génératrice qui recharge la batterie, j’avais récupéré 15 km à La Mongie, 30 km à Artigues et 50 km à Sainte Marie de Campan ce qui après un nouveau complément chez Nissan m’a permis de rentrer chez moi à côté d’Auch où … je suis tombé en panne sèche à 200m de mon garage.
Et c’était en été !
Amateur de ski, cet hiver je décide d’aller skier un après midi à Cauterets. La concession Nissan ayant, dans ses nouveaux locaux, installés en 2015 une borne de recharge rapide, en 15 mn j’avais récupéré 83 % d’autonomie. Je monte à Cauterets où j’arrive avec 57 % d’autonomie. A la descente jusqu’à Pierrefitte j’ai récupéré 4% de la batterie. Petite recharge à d’un ¼ d’heure à Tarbes et retour à Gaugens avec 34% soit 50 km d’autonomie.
Comme quoi la technologie avance vite et permet d’envisager des lendemains plus sereins.
L'accès aux stations d'altitude nécessite de privilégier l'implantation  de bornes dans la vallée car c'est en montée que le V.E. consomme le plus.
Mais l'avantage est aussi économique : pas de passage à la pompe, un plein à 3 €, pas de vidange, de filtres ni de réglages en tous genres, un entretien à minima, que je n’ai même pas eu à faire puisque j’ai changé ma Leaf au bout de 18 mois  soit 0 € d’entretien.
 Comme vous l’avez compris autant il est agréable de rayonner au quotidien en utilisant les 150 km de réserve de la batterie, autant, dès lors que l’on veut envisager de « voyager » cela se complique et il faut, pour l’instant, en l’absence d’un réseau dense de bornes de recharge, calculer son itinéraire en fonction des recharges existantes.
Deux outils existent d’abord l’ordinateur de bord qui vous guide en cas de nécessité vers la borne de recharge la plus proche … quand elle est accessible. Et, sur internet, le site Charge Map,  qui vous permet de localiser toutes les bornes en Europe. Alimenté en données par les utilisateurs il permet de connaître en temps réel l’état de la borne que vous voulez utiliser.
Il permet aussi de localiser tous les types de bornes et notamment les bornes de recharge rapide ( un plein en 30 ‘) qui font cruellement défaut pour l’instant.
Heureusement Nissan s’investit avec les chaines Ikéa et Auchan pour fournir ces recharges rapides mais qui ne sont accessibles que quand les concessions et magasins sont ouverts.

V.M. :Vous évoquez Chargemap, un site collaboratif. La dimension de concertation entre l'ensemble des acteurs de la mobilité électrique est-elle importante pour vous ?
L’acquisition d’un véhicule électrique neuf représente un investissement non négligeable qui fait de nous plus que des consommateurs mais, je le revendique, des acteurs de la mobilité électrique, de la transition énergétique et de la lutte contre les émissions de CO².
Des choix politiques ont été actés, des investissements importants : de l’Europe, de l’Etat des collectivités locales mais aussi des constructeurs et de leurs concessionnaires, qui se sont engagés pour entrer dans l’ère de la mobilité électrique.
La mobilité électrique se développe en réseau et la notion de maillage du territoire est fondamentale.
Des maillons faibles ou déficients dans le réseau entravent son bon fonctionnement, c’est pourquoi la concertation de tous les acteurs est nécessaire.
Je regrette que la région n’ait pas pris en compte nos propositions dans l’élaboration du nouveau contrat de plan, car en complément des investissements que vous réalisez à l’échelon local, l’échelon régional parait être le plus pertinent pour financer l’implantation des bornes rapides nécessaires à la mobilité régionale et au delà.

V.M. :Vous avez bien voulu venir témoigner aujourd'hui à Tarbes, et je vous en remercie au nom de l'ensemble des organisateurs et des participants, car je sais que demain un autre événement vous attend ...
Oui j’ai proposé à l’agglomération du Grand Auch d’organiser, demain, un Rallye promenade découverte du patrimoine puisque nous sommes à la fois dans la semaine européenne de la mobilité et le week-end du patrimoine.
Une quinzaine de véhicules 100% électriques de particuliers, de concessionnaires ont répondu à notre invitation offrant en 4 boucles  autour d’Auch la possibilité à une centaine de personnes de découvrir les charmes de la mobilité électrique et le potentiel du patrimoine du XXI° siècle - thème de l’année. Ces boucles connectées aux transports en commun ont aussi une vocation pédagogique pour l’utilisation des navettes du Grand Auch.


Jean Claude LE MAIRE
PS : Le diaporama réalisé par Alain Bouchard pour TARBES-Infos

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