dimanche 7 décembre 2014

Recharger ailleurs peut être très pédagogique ! (Philippe Guiton, Chauffagiste)

PAVE vous propose aujourd’hui le témoignage Philippe Guiton, Chef d’entreprise Chauffagiste à Besançon utilisateur de 6 véhicules électriques également mis à disposition de ses salariés. Vous trouverez dans ce témoignage s’appuyant sur un vécu de plusieurs années l’illustration des propositions concrètes que PAVE formule pour la transition énergétique.

PAVE : Pouvez vous expliciter votre témoignage intitulé « Recharger ailleurs peut être très pédagogique ! »

Philippe Guiton : Je suis chauffagiste, chef d’entreprise (de 10 personnes) à Besançon. Je travaille en partie avec des VE, 3 MIA en interventions mais aussi 3 Czéro en déplacements routiers domicile/travail et autre. Primo j’ai appris à organiser les déplacements en tournées étudiées le plus méticuleusement possible en terme de kilométrage pour faire la journée avec une seule charge. Mes techniciens rentrent chez eux manger et certains ne peuvent pas charger entre 12 et 14h.
On retrouve ainsi un énorme gain de productivité puisqu’on ne passe plus qu’une heure en déplacements au lieu de 3 !! Ça aurait pu être fait avant mais avec le VE on se  contraint à devenir intelligent !!
Lorsque qu’un client est à 25/30 Kms, en principe dans un pavillon. Mon intervention pour réviser une chaudière ( au fioul, juste pour taquiner !!) dure de 1 h à 1h30.
Avant, sans aucun problème je branchais mon matériel (aspirateur lampe, compresseur, matériel de mesure), très naturellement chez le client, sans jamais aborder le problème de l’utilisation de son électricité.
Maintenant, après avoir vérifié que son installation le permet, je peux demander au client, en accompagnant ma demande d’un peu de pédagogie, de brancher ma MIA, en plus de mon matériel. Connecté à son installation par l’intermédiaire d’un compteur (ce que je ne faisais pas avec juste mes outils), les gens sont très surpris du peu d’euros que je leur consomme et que je leur propose bien sûr de déduire de leur facture.
Ça les fait réfléchir à leurs coûts de déplacement pour aller travailler, c’est concret.

Ceci permet aussi d’envisager l’usage de l’utilitaire électrique bien en dehors d’un usage urbain. Une intervention chez un client dure entre 1 et 2 heures. Pendant ce temps, en particulier avec une MIA, j’ai largement rechargé mes 25/30 Kms, voir plus. Un tel véhicule peut tout à fait être utilisé par des artisans qui font du chantier, une journée complète, jusqu’à une distance autour de leur base frisant leur autonomie maximum. Pendant la journée, sur le chantier, il auront rechargé de quoi rentrer et combien d’artisans prennent des chantiers à plus de 100 Kms ?

PAVE : Pour votre entreprise et pour votre personnel vous recommandez l’usage de la voiture électrique, qu’en pensent vos collègues ?

Philippe Guiton : En dehors d’une simple étude sur la rentabilité, pour une entreprise, d’adopter des VE pour certaines missions, je préconise par exemple à d’autres chefs d’entreprise d’installer des bornes de rechargement ou de simples prises adaptées sur leurs parkings pour que leurs salariés puissent en bénéficier lorsque leurs conditions de logement ne permettent pas le rechargement à la maison. Admettons même que ce soit le cas général.
Ces chefs d’entreprises découvriront que le coût en électricité est moins élevé que la participation qu’ils doivent accorder à leurs salariés pour venir travailler (au passage notons que le transport en commun…électrique serait bien entendu plus vertueux).
Installer une prise ne coûte rien. Il est plus facile d’installer d’abord une prise de courant, et d’être ainsi prêt pour la suite, que d’acheter d’abord un VE ;  quand tout le monde dit : Mais ou  chargerez-vous c’est se donner une bonne raison de ne pas faire le pas !
Le salarié de son côté constatera que son employeur finance la majorité de ses transports pour venir au travail, mais aussi pour faire les courses et passer au club de gym, aller au ciné. Progressivement, des gens se diront qu’ils n’ont plus forcément besoin d’un véhicule thermique (en propriété) pour quelques Week-end ou vacances. Bien sûr c’est un gros changement des mentalités, mais ce n’est qu’une histoire de temps, pas de choix !!

PAVE : Comme nous, vous soutenez les initiatives en faveur du développement de la voiture électrique quels souhaits aimeriez vous formuler aux législateurs pour la transition énergétique ?

Philippe Guiton : Je soumets l’idée qu’on attribue la super prime de 10 000 euros envisagée par le gouvernement pour la mise en place d’un abri à VE couvert en photovoltaïque ou de toute installation locale de production d’électricité permettant de compenser sa consommation d’électricité liée en particulier à ses déplacements. Et ainsi inciter à la production et à l’autoconsommation, et au rachat systématique du surplus éventuel au tarif de vente, en l’indexant sur les évolutions de ce tarif dans l’avenir.

Si je voulais être encore plus juste je dirais, d’aller jusqu’au tarif X 2.5 qui est environ le coefficient appliqué * pour estimer la consommation d’énergie primaire par rapport à l’énergie consommée à domicile, pour des raisons techniques qui ne varieront pas même dans les années à venir, elles !!!

NDLR: * Le coefficient de 2,5 correspond aux pertes en ligne dues à l'acheminement entre la centrale de production et le client final: pour 2,5 kW produits, 1 seul arrive à destination. La production locale annulant ces pertes en ligne, le kW pourrait donc être rémunéré 2,5 fois plus. 

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